S'il m'est permis de donner mon avis, je voudrais exprimer l'aversion grandissante que j'ai pour le nouveau pape Benoît XVI.
Au début de son règne, j'avais déjà trouvé suspect qu'il s'oppose fermement lors de son premier discours aux groupes de rock. Pour une Eglise qui prône le respect de tous, ça me paraît louche, et à l'encontre de la bienveillance de Jean-Paul II sur la tolérance de tout peuple et de toute religion.
J'avais ensuite été choqué qu'au delà de son idéologie très conservatrice et non en accord avec l'évolution de la société et de l'Eglise, il est revenu en arrière sur plusieurs points en réinstaurant notamment la messe en latin. Idée complètement stupide quand on pense aux croyants qui ne pratiquent la messe que pour les grandes occasions (Noël, Pacques, etc...).
Ensuite, lorsqu'il a fait son tour de l'Europe et des "pays Christianisés" (ça ressemble de peu à la colonisation des pays non civilisés), il a clairement annoncé sa volonté de conquérir les peuples à la religion. Il est à noter que cette série de voyages fait d'ailleurs suite à une annonce quelques mois auparavant disant que l'Islam est devenue la religion qui comptait le plus de croyant au monde. Alors que son prédessesseur voyageait pour apporter un message de paix dans le monde, il me semble que ces volontés sont beaucoup moins pacifistes qu'autrefois. A-t'on besoin de nouvelles crises de religion ? D'ailleurs, pendant que ce pape lève le bras droit pour conquérir le peuple, la guerre fait rage au proche-Orient. Mais là aucune intervention.
Parlons aussi de la réhabilitation d'un certain cardinal, qui quelques jours après dément le génocide juif et homosexuel de la seconde guerre mondiale.
Enfin, derniers événements en date, le pape condamne l'utilisation du préservatif comme moyen de lutte contre le SIDA en Afrique. Lorsqu'on connaît les ravages de ce fléau, on ne devrait s'opposer à aucun moyen de lutte contre ce virus si on a un minimum d'humanité. D'autant plus que pour l'utilisation du préservatif en Europe, le pape ne dit rien. Mais donner les mêmes droits aux peuples noirs, c'est une question plus délicate ?
Mais ça ne suffit pas. Benoît XVI vient de proclamer l'excommunication à la famille et aux soignants d'une petite fille Brésilienne de 9 ans, qui s'est faite avortée parce qu'elle allait accoucher de 2 jumeaux à la suite d'un viol.
Je n'affirme pas que le pape est un dictateur de l'Eglise, et qu'on va vers le retour de l'Inquisition. Mais je pense que Benoît XVI est un très mauvais pape qui ne représente pas du tout l'Eglise catholique telle qu'on la connaissait sous Jean-Paul II ! Je condamne toutes ces actions. C'est ma parole révoltée de laïc du jour ! J'ai dit laïc, je n'ai pas dit Athée !
tonton
d'inspiration glabouniste...
Lundi 23 mars 2009 à 21:57
Mercredi 11 mars 2009 à 10:09
Mercredi 11 mars 2009 à 9:59
Et c'est parti pour quelques concerts WattSpirit. A commencer par l'ISIC Rock Show le 18 mars. Venez nombreux...
Lundi 15 décembre 2008 à 22:47
Une odeur plutôt agréable parcourt l’air d’un lieu public. Le regard se tourne vers ce qui semble en être la cause et tombe sur une très longue cigarette roulée et un peu conique … Le joint ! L’évocation du mot suffit à mettre toutes nos représentations en ébullition, faisant frémir les valeurs qu’impose cet objet si particulier. Un joint n’est jamais qu’un joint ! Il comporte un caractère sacré qui participe grandement à sa mythologie et transcende le simple produit de consommation, souvent associé par stéréotype au mythe de Bob Marley. Plus sulfureux que la cigarette, moins diabolisé que l’ecstasy, le pétard, le beuze ou le pilon est révélateur d’une pratique sociale qui dépasse la tendance. C’est un fait de société, au même titre que toute autre pratique uniformisée et intégrée dans notre culture. Largement banalisé, il fait autant briller les yeux que les rares pépites d’or des rivières pures du nouveau monde. Le fantasme et le désir de transgresser agit comme un aimant chez autrui. Quelque soient la nature des regards, ils convergent tous vers cet objet qui se consume lentement, à l’instar de la star embrasée par les feux de tous les projecteurs.
Pourtant, de par son illégalité, le joint est une vedette de l’ombre… en partie seulement. La matière première achetée sous le manteau contraste avec la longue feuille à rouler, sereinement vendue dans un bureau de tabac. Ces deux accessoires construisent néanmoins le même produit final.
Mais pour l’instant, faisons exceptionnellement lumière sur la matière première. L’herbe (la beu), et sa résine (le shit), représente le retour à la nature. Cela peut-être paradoxal quand on connaît les additifs qui composent la résine. Mais peu importe. Le naturel de la plante préfigure comme un rejet du composant chimique, une dénégation de la société sous synthèse.
Ensuite arrive le moment du « roulage », cet art qui se transmet de fumeur en fumeur. En créant ce qui n’était pas dans la nature auparavant, le rouleur respecte une caractéristique profonde de l’homme qui est de transformer la matière. C’est un rituel qui passe par plusieurs étapes. L’effritement, le mélange avec le tabac et le roulage fait du joint ainsi fini une œuvre d’art qu’il faut admirer avant de consommer, comme l’assiette d’une cuisine gastronomique cinq étoiles.. Cette dimension artisanale dans la conception du joint confère à son créateur un statut d’actif dans l’élaboration de son plaisir. L’application que l’on y met est comme tributaire de la qualité de l’expérience à vivre. Suite à quoi le joint est peaufiné, lissé, presque caressé et enfin soumis à l’observation collective. Le résultat est toujours commenté.
Puis, le joint se porte au lèvres comme un acte consenti, comme le réconfort après l’effort. Une flamme en illumine l’extrémité et à l’autre bout le fumeur aspire la fumée dense. Serait-ce une inspiration de satisfaction avant d’entamer un voyage vers un monde parallèle ? Il fume peut-être pour s’évader, se divertir, se faire plaisir, pour modifier ses conceptions du monde ou autre… peu importe, il fume. Le consommateur se concentre un instant sur son voyage et souffle à présent au monde oppressant l’expression de sa décontraction.
C’est un plaisir qui très vite ne se conçoit que partagé. Généralement, le pétard ne se consomme pas tout seul, il se fait passer de main en main, de bouche en bouche, telle une fille de joie séduisant ses aspirants (et non ses soupirants). Il serait en effet inconcevable qu’une seule main l’y héberge alors que toutes les autres n’attendent que de l’accueillir.
C’est alors qu’une sorte de communion s’effectue entre les membres d’un groupe avec pour catalyseur le joint. La « cigarette qui fait rire » véhicule des valeurs de partage, de respect et de lien social, au-delà de son action sur les zygomatiques. Recevoir un joint est un signe d’amitié, c’est comme recevoir un présent, un objet convoité. L’individualité n’est pas acceptée et le profiteur est directement rappelé à l’ordre.
Le voyage dure un certain temps. Cette impression de planer stimule l’imagination et la créativité. Le regard nouveau qu’il apporte engendre des discussions incommensurables au sein du groupe. Les langues se délient, une certaine sensation de bien-être et de liberté semble être atteinte… Et puis plus rien ! Une fois le joint consumé et le plaisir consommé, la réalité assommante réapparaît. Il faudra attendre la prochaine expédition vers la matière première … Et le cycle se forme, comme le cycle de l’eau, de plus en plus vite, de plus en plus intense…
La ville par extension est le théâtre de manifestations de cette activité illégale liée à la consommation du joint. Mais tout se fait dans un contexte semi-transparent, de façon plus ou moins évidente. Tout semble codé pour brouiller les pistes et rester dans le flou. Vous verrez la fumée, mais jamais le feu. Il faut infiltrer un marché parallèle pour accéder à un voyage dans un monde parallèle. Un tabou est instauré chez ceux même qui contribuent à l’extension et au développement de ces pratiques. Ainsi, il est aisé de remarquer et d’identifier aussi bien les personnes à qui s’adresser que les endroits particuliers propices à l’acquisition de la « matière première ». On peut commodément faire main basse sur cette substance illicite en contrepartie d’argent liquide, mais après une interpellation discrète et codée ou un système de bouche-à-oreille inaudible dans l’agitation bruyante de la ville. Ces scènes se déroulent à tout moment de la journée, se fondant dans le décor, dans l’indifférence la plus totale. Le cannabis s’immisce partout, jusque dans les fines allusions des magasins d’autoculture hydroponiques, jusque dans les discours valeureux des non fumeurs, jusque dans les poches des vestons de certains smokings. Trop visible pour ne pas être remarquée par tout observateur un peu attentif, la consommation de cette drogue illicite ne l’est apparemment pas assez pour qu’elle soit réprimandée. Alors même que la loi devrait être considérée comme au-dessus de tout, on perçoit l’espèce d’hypocrisie sociale dont elle fait preuve, tolérant plus ou moins la consommation tout en réprimant son expansion et sa banalisation. La répression du cannabis s’apparente à un immense filet dont les mailles seraient délibérément trop larges pour laisser passer les petits poissons, afin qu’il en reste dans la mer. On perçoit fortement le décalage entre la pratique d’une société et sa morale. En cela réside le mythe du joint.
Le mythe du joint vient donc de son aspect illégal, mais avant tout de son caractère sacré, presque religieux. A travers ses propres codes, le joint instaure un rituel communautaire ou une expérience transcendant un moyen de détente et de plaisir suprême.
Samedi 29 novembre 2008 à 19:27
Je sors de la salle informatique, l’esprit un peu shooté par les heures de concentration. Les lumières artificielles donnent un air blafard aux couloirs, c’est tout à fait lugubre. Je sors. Il fait déjà nuit. Je tourne en rond à la recherche d’un quelconque signe de vie. Mais il n ’y a rien ni personne. Ça ne peut pas durer comme ça. Mon cerveau me fait mal. Tout tourne autour de moi, légèrement mais continuellement. C'est un peu flou. Illusion d'optique ? Décidément ça ne peut pas durer comme ça, je suis trop fatigué. Il me semblait pourtant que je pouvais tenir plus de deux nuits d’affilée à veiller. Je rentre à nouveau dans la fac à la recherche ce coup-ci d’un coin tranquille. Je trouve un amphithéâtre désert. Vers le milieu, je m’installe. La lumière blanche du néon est juste au-dessus et ajoute une couleur sinistre à ce lieu désert. Je trouve une position adéquate et je ferme les yeux. Je ne dors pas, mais je me laisse emporter par mes pensées, par mes rêves. Ça fait du bien un peu de penser.
…
Clac. Un bruit d’un interrupteur. On vient d’éteindre la lumière. On ne m’a pas vu. Il faut dire je suis bien caché derrière les sièges. Je regarde l’heure. Ça ne fait qu’une heure que je suis là, mais ça ne fait rien. Je n’ai plus rien à faire ici. Prudemment. Je me rhabille et je sors de nouveau. Je marche. Je marche toujours, sans savoir vers où. Le froid humide me pénètre comme un couteau dans la peau. Je relève mon col et resserre un peu plus les épaules autour de mon cou. Dans ce froid je réalise que je vis dans l’absurdité du monde. Je me fixe des buts uniquement dans le but de sortir de la morosité de la vie. Maintenant j’erre en observant le monde qui grouille un peu autour de moi. Des voitures passent, un bus aussi. Illusions. Seul le temps passe et nous laisse l’illusion qu’on dispose de lui ou pas. La vie n’est qu’une illusion. Je vais de rencontre en rencontre, d’actions en actions. Au fond, tout me passe au dessus, rien n’a plus d’importance maintenant. Le temps aussi me passe au-dessus. Enfin pas tout à fait. Je m’en fous un peu du temps mais je le subis quand même. Je n’ai aucun compte à régler avec le temps. Je peux arriver n’importe quand, rendre mes devoirs en retard, peu importe. Mais je me sens comme vieux. Un vieux qui a vécu, qui a laissé passer le temps sans avoir vécu quoique ce soit de particulier, mais qui n’a plus rien à vivre. Maintenant c’est trop tard. Je continuerais éternellement à marcher ainsi, solitaire, confrontant mes pensées au monde qui m’entoure et qui me paraît presque inconnu. Je me sens étranger. Comme c'est étrange ! Etranger aux normes, étranger aux gens, et j’ai l’impression que je pourrai traverser le monde sans qu’il ne s’en aperçoive. J’erre sans but, et ça ne dérange personne. J’observe et j’adore ça.
Aujourd’hui pourtant, c’est la première fois que je prends le temps d’être seul et de prendre du recul par rapport à mes actions. Ce matin, j’ai rencontré des gens dans le bus. A, avec qui je n’ai pas dit grand-chose. G, qui s’est implicitement moquée de moi quand je lui ai dit tout naturellement que je retournais en première année, que je n’avais pas de projet, pas de but, pas de honte non plus. Que j’erre sans but ou que j’erre de but en but, ça revient un peu au même. Après il y a eu P. Je n’ai pas eu besoin de lui parler, il a parlé pour lui et pour moi. Je me suis contenté de l’écouter, ça lui a plu. Il m’aime bien parce que je suis toujours d’accord avec lui. En fait, quand il me parle, il se parle à lui tout seul, donc c’est normal.
La vie n’est qu’une illusion. Illusions d’avoir des amis, alors que ce ne sont peut-être que des compagnons d’infortune qui sont comme moi obligés de subir cette maladie mortelle sexuellement transmissible qui est la vie. Ils ne sont amis que parce qu’ils sont dans mon entourage direct. Je ne sais pas. Serais-je aussi ami avec eux si ma vie avait été différente ? A force de tout remettre en cause, on perd tous nos repères. On ne s’attache plus à rien. On marche dans le froid, en regardant le monde défiler avec un regard extérieur. On marche, mais au fond on reste toujours immobile. C’est le monde qui avance, pas nous.
Je revois aussi mes illusions sentimentales. Mes attirances de la semaine, peut-être du mois, s’appellent C et A. J’aime bien me créer ces besoins d’attirances, souvent à partir de rien. Il me suffit de balayer une assemblée féminine et de s’accrocher à quelque chose qui nous attire, de tirer le fil et d’en arriver à être attiré par quelque créature merveilleuse en chair et en os. Je regardais plusieurs filles en face de moi (nous étions à une table en U) lorsque mon regard s’arrêta sur celui de C. Elle me regardait. C’est incroyable ! Ça alors ! Jamais j’aurai cru. J’avais beau la regarder, elle ne détachait pas son regard. Au contraire, elle souriait. Comme pour me dire « je sais que ça te gêne de ne pas pouvoir interpréter mon regard, et ça m’amuse ! ». Comme pour se protéger aussi. Enfin c’est-ce que je me suis dit et ça m’a convaincu d’abaisser moi mon regard. Tout le reste de la séance s’est déroulé de la même manière par des regards interposés où je cédais à chaque fois. Le temps de se dire « ouais pourquoi pas »… Puis « ouais, carrément ». En outre, après quelques discussions passées avec C, c’est une fille fort sympathique. Une des rares filles à qui ça ne semble pas être une hypocrisie sociale que de m’accepter à ses côtés. Elle a l’air ouverte. Elle pourrait devenir une bonne amie... d’autant plus qu’elle a l’air folle amoureuse de son copain ! En fait, je pourrais difficilement devenir autre chose qu’un bon ami ! Le bon ami d’une habituelle illusion bien sûr.
La deuxième illusion s’appelle A. Je ne saurais dire si elle est belle, je crois que je ne l’ai jamais regardée. C’est étonnant., n’est-ce pas ? Ce sont les autres sens qui m’ont attiré. Elle a un étonnant rapport à l’espace et à la proxémique. A chaque fois que je lui dit bonjour, elle entre en parfaite fusion tactile avec moi. C’est étrange, cette façon de me caresser délicatement le bras, de façon presque imperceptible, puis le col, puis l’épaule… toujours de façon aussi imperceptible, sauf pour un vieux comme moi qui attache beaucoup plus de sens aux aspects sensoriels qu’au sens de la vie. Je ressens la vie sans lui attribuer de sens; Ainsi passe le temps sur moi, sans qu’il ne me pénètre vraiment. Et me voilà prisonnier, à emprunter les couloirs où je suis susceptible de la rencontrer… en vain. Je ne vis que dans l’illusion, j’avais oublié.
Illusions… toujours illusion… Je marche en m’imaginant croiser un inconnu qui me demande un autographe et qui affirme que mon dernier concert avec WS lui a rendu l’espoir. Tu parles, les samples sont toujours à faire, j’ai un vieux compte à régler avec le temps qui passe sur moi sans me pénétrer. J’ai l’impression d’être extérieur à lui, un peu trop.
Illusion. Je viens de passer des jours et des nuits à préparer un exposé dans l’illusion de le passer un jeudi après-midi. Mais grève des trams oblige, je ne le passerai qu’une semaine plus tard.
Illusions ambitieuses aussi. Je trouve ma fac tellement intéressante que j’ai des projets plein la tête. Je veux faire partie de groupes de TD pour faire des travaux que je juge intéressant, alors que j’ai déjà mon groupe de TD, mes travaux intéressants, mais que je ne fais pas. Je veux tellement tout faire que je ne veux rien faire de particulier, et je finis par ne rien faire du tout. Je ne fais que marcher et observer le monde qui passe autour de moi sans me pénétrer. Je marche contre le froid, seul. Ni heureux ni malheureux, comme un vieux. Un vieux qui a vécu, qui a laissé passer le temps sans avoir vécu quoique ce soit de particulier, mais qui n’a plus rien à vivre. Maintenant c’est trop tard. Je continuerais éternellement à marcher ainsi, solitaire, confrontant mes pensées au monde qui m’entoure et qui me paraît presque inconnu.
Même ce que j’ai réellement vécu se dérobe à moi. Même les retrouvailles de facebook à qui je n’ai plus rien à dire, que de quoi remplir ce temps qui passe inexorablement au fil des rencontres et des buts que l’on se fixe pour en sortir, pour avancer. Même H, la seule fille qui s’est intéressé à moi au point de vouloir sortir avec. Je l’ai revu dans le bus après trois ans sans la voir ni lui parler. Trois ans, il y a prescription. Je l’aurais volontiers considéré comme une vieille amie si elle ne m’avait pas résolument tournée le regard. Je force la communication. Merde, c’est pas une inconnue quand même, j’ai vécu suffisamment de trucs avec elle pour ne pas avoir à la considérer comme une inconnue. Elle travaille maintenant, elle… Elle est intégrée et utile. A l’hôpital. Plus je lui parle, plus je me sens mal à l’aise, comme si elle m’enfonçait un couteau dans la peau, comme si je marchais dans le froid et qu’elle m’apparaissait comme un spectre pour me dire que je suis un vieux qui n’a pas su profiter du temps, et qui erre maintenant, extérieur au monde, sans contraintes ni devoir.
Je marche dans le froid et ça me fait du bien. J’ai à peu près manqué tout ce qui est important aux yeux de la société. ça se résume au projet professionnel je crois. C'est à peu près tout ce qui importe à la société. Mais au moins je n’ai pas raté ça. J’ai su conserver cette liberté de marcher sans but et d’observer le monde qui m’entoure comme si j’y étais extérieur. J’ai su conserver la liberté de me maintenir plus ou moins volontairement dans l’illusion, cette illusion de fin novembre, où j’erre parmi les brumes froides, comme encore pas tout à fait réveillé d’un sommeil volé à la vie, encore fatigué et vigoureux en même temps, sombrant dans mes pensées les plus intimes. La vie n’est qu’une illusion, mais qu’est-ce qu’elle est libertaire. Ne pas s’enfermer dans la prison du bonheur… Rester dans l’illusion. Toujours, et marcher, laisser le temps passer sur nous et continuer d’avancer, sans but, juste parce qu’on peut continuer d’avancer et qu’on veut sortir de cet immobilisme de la vie. Marchons… Marchons… jusqu’à ce qu’un sang impur abreuve nos sillons !