tonton

d'inspiration glabouniste...

Mardi 18 mai 2010 à 20:05

Hier, c’était la journée contre l’homophobie. L’avantage d’organiser une journée spéciale contre l’homophobie, c’est que ça instaure une journée pour respecter les minorités, comme ça le reste du temps, on peut vraiment s’amuser. Eh oui, derrière toute homophobie se cache peut-être un homme au folies… héhé, on ne sait pas, c’est mesquin un humain, ça prend souvent par derrière… Hier il fallait qu’on les Lesbienne tranquille, mais aujourd’hui c’est bon ! Allez-y lâchez vos vannes ! Quelle est la différence entre un intellectuel et un homosexuel ? L’intellectuel a le petit Larousse dans la tête, l’homo a le gros Robert dans le cul ! Oh je sais ce n’est pas gai tout ça ! Enfin, je veux dire, c’est paquebot, ce n’est pas trimaran quoi. Eh oui, l’expression pédé comme un foc, ça vient d’un terme nautique, un foc étant un élément du bateau qui fend tous les vents, un peu comme une girouette quoi. J’ai connu un homo qui se vantait de s’être fait tatouer un 4X4 sur le manche. Pas la manche, le manche ! Il m’a dit que comme ça, quand il est dans la merde, il avance et il recule ! RRRhha que de blagues bien vaseuses ! Mais rassurez-vous, je n’en parlerais pas plus dans ma chronique. Après tout, je n’ai pas parlé de la journée de la grenouille, je ne parlerais pas plus de la journée de la grosse nouille. Toutes ces incitations à la moquerie, on ne va pas non plus les prendre au mot !

http://tonton.cowblog.fr/images/047planrigueur1204841197.gifPuisqu’on parle de soutenir les bourses, je m’en tiendrais à la politique de rigueur. La politique de rigueur, ça arrive justement quand il n’y a pas eu assez de rigueur dans la politique. Au final, on se fait tous baiser, comme quoi vous voyez, il n’y a vraiment pas de quoi être homophobe. La faillite, nous voilà ! Alors, je n’ai pas trouvé de gros Robert, mais j’ai trouvé un petit Larousse : Rigueur = manière de quelqu’un qui se montre inflexible. Inflexible, ça c’est bien vrai pour Sarko. Il n’a jamais repoussé ou annulé la taxe carbone, l’adoption du Grenelle, la réforme du lycée. Il s’en est toujours tenu au plan. Tenir ses promesses, c’est ça la rigueur. Une autre remarque, la rigueur est dure à supporter. Ah ben voilà, pas besoin de paniquer, on y était déjà en fait.

Mais il ne faut pas nommer le mot, surtout si on est à l’UMP. Ah Juppé il s’est fait remonter les bretelles. Pas le mot rigueur, ça fait trop peur. On parle de panne de croissance, en hommage à Sarkozy, de baisse du pouvoir d’achat, de gel des dépenses publiques, ça fait plus coiffé, plus esthétique. On évoque la lutte contre les paradis fiascos, ou une cure d’austérité, à la rigueur ! Enfin, ce sont les maux de la crise, quoi ! François Copé a ironisé en appelant la rigueur « la cueillette des olives ». Je ne vois pas le rapport. Il faudra qu’il m’explique. L’intelligence des politiciens me dépasse. On entre dans la rigueur afin de perdre la part de Grèce qui est en nous. Il va falloir changer de régime, ils ont même fait appel à Taillefine 0% pour les aider, mais on le sait bien, leur discours, c’est déjà du yaourt ! Le gouvernement devrait présenter son scénario au festival de Cannes, parce que la réussite de la rigueur, c’est vraiment une fiction ! En plus le film est mal tourné, il doit être tout le temps en contre-plongée parce que le héros est toujours tout petit ! Petit ou pas, il a bien fait d’augmenter son salaire de 120 % en début de mandat, c’est plus crédible !

http://tonton.cowblog.fr/images/141aperofacebook1273911053.gifMauvaise nouvelle, la rigueur de l’hiver perdure, au mois de mai, il neige encore en montagne, le froid perdure. Non cet été, il n’y aura pas de canicule. Merde ! moi qui comptait là-dessus pour régler le problème des retraites des vieux ! Selon la presse, sur la réforme des retraites, le gouvernement entretient le flou. Pourquoi sur d’autres projets ce n’est pas le cas ? Si les vieux ont réussi à nous faire augmenter la durée des cotisations, est-ce que la rigueur aura un effet sur les salaires ? Se retrouvera-t-on comme l’ont été jadis les sans-culottes, le ventre creux et le cul nul, on appelle ça l’effet salaire ! Réduire les dépenses publiques, c’est mettre des pansements à l’Etat, pour empêcher les fuites. Remarque depuis que Treiber est mort, question fuite, ça ira. Rigueur est un mot bien austère pour ceux qui n’osent s’taire. Fini les talonnettes et les Yachts en marbre qui nous faisaient couler ! Bienvenue dans l’ère de la rigueur ! Il n’y a pas de quoi en faire une crise. Les jeunes de l’UMP  ils ont déjà commencé, ils ont fêté les 3 ans de Sarkozy au jus d’orange et au Champomy, pas d’alcool. Cela dit c’est déjà énorme de fêter ça ! Il faut de la rigueur, même dans les apéritifs. Désormais, si il y a plus de participants que de flics aux apéros facebook, ça ne sera pas un vrai apéro facebook. Allons, bon, vers quel monde allons nous ? Il est de rigueur de nous arrêter à temps.

Lundi 1er février 2010 à 0:46

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle 87.3.214.45. Nous sommes tellement nombreux qu'il est plus facile de nous nommer par nos numéros matricule que par nos vrais noms. Au sein de l'administration dans laquelle je suis incarcéré, je cohabite avec plus de 300 détenus. Comme eux j'ai pris perpétuité, pour comportement social abusif.

Nos mâtons nous observent comme des fourmis et nous surveillent depuis leur tours, d'où soufflent des ventilateurs puissants. A travers des écrans plasma et des hauts-parleurs, ils nous dictent ce qu'on doit faire. Pire, ils nous disent ce à quoi on doit penser. C'est un moyen très efficace de contourner l'impossibilité (de par notre nombre) de nous dire comment penser.

Nous sommes tous depuis longtemps résignés, car nous avons compris que désobéir est sanctionné par un isolement total bien plus insupportable. En effet, si nous survivons, c'est grâce aux liens qui nous unissent, mes co-détenus et moi-même. Même si nous savons que c'est dans l'intérêt de notre administration de maintenir et d'entretenir ces liens. Peu à peu nous perdons toute faculté de jugement, d'humanité et de raison, manipulés par la pseudo-réalité que nous donne à voir l'administration. Nous devenons tous les éléments simples de ce système, dont nous dépendons complètement et que nous alimentons malgré nous. Le peu de conscience qu'il nous reste nous permet de nous approprier notre prison, mais pas de nous en évader.

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Ma prison n'a ni murs, ni armes. Elle est équipée de hautes technologies, grâce auxquelles elle peut s'affranchir de "barbelés" traditionnels. Ma prison n'a pas de barreaux, mais des touches qui déclenchent des signaux d'alerte au moindre contact de nos doigts. Ma prison n'a pas de cellules individuelles, mais chacune de nos chambres est constituée de centaines de cellules photoéletriques qui nous hypnotisent : les pixels. Dans ma prison, il n'y a pas de rats, ils ont été chassés par une souris, que j'ai d'ailleurs apprivoisé. Je l'ai appelée "Clic" à cause des petits cris qu'elle pousse quand je la caresse de mon index. Je passe la plupart de mon temps à essayer d'accéder au monde extérieur, que je peux regarder à travers la fenêtre de ma chambre, la "Windows". Mais la réalité m'est perçue à travers des filtres, des écrans. Ce que je vois de l'extérieur, et que je ne peux voir que depuis ma fenêtre, c'est une vision pré-établie. Tout est fait pour me persuader que tout est figé, que rien n'évolue. Les images que l'on m'offre sont toujours des images choc, qui agissent plus sur mes émotions que sur ma raison. La violence, le feu, la faim... Le monde extérieur semble être aussi insécuritaire que ma prison. Sans doute pour ne pas m'inciter à en sortir. Depuis la nuit des temps, l'Afrique meurt de faim et les USA vivent dans l'opulence. Le monde est figé. Je suis moi-même figé, dans ma prison, contraint à effectuer tous les jours les mêmes gestes, les mêmes actions, sans réflexion.

Quelquefois, j'ai des visites au parloir. Mon parloir s'appelle Facebook ou MSN. C'est un parloir spécial, où on se parle entre co-détenus, quelquefois de la même prison, quelquefois de prisons plus éloignées. Tout est fait pour que nous restions entre nous. L'interculturalité est bannie, car nous sommes jugés dangereux par les gens libres, que l'on risque de corrompre. Et vice-versa. C'est parce que nous avons un comportement social abusif que nous sommes emprisonnés. L'administration a donc décidé de nous enfermer dans un type de comportement social qu'elle peut contrôler, un système fermé ou nous n'interagissons qu'entre prisonniers.

http://tonton.cowblog.fr/images/prison300x200.pngLe quotidien est dur à vivre. Pour lutter contre l'ennui, je ne peux plus m'évader à faire du sport, de la musique ou autres dérivatifs réels. Avant je le pouvais, mais je n'avais pas encore commis assez de crimes de no-life dans mon esprit. Maintenant je suis attaché, dévitalisé, incapable ne serait-ce que de détourner le regard des pixels hypnotiseurs. Si je tente de m'enfuir par le divertissement réel, l'ordre des mâtons sifflent aussitôt et m'impose de répondre à tel stimuli, tel ou tel message, à aller voir ce qui se passe à travers la "Windows" pour m'hypnotiser de nouveau.
Du coup l'administration, pour éviter les suicides en prison, qui tarissent son image, a prévu quelques dérivatifs : des divertissements virtuels personnalisés. Pour revenir aux suicides, il y en a eu. Un programme d'hypnose nommé WOW a fait mourir une dizaine de bébés, dont les parents trop prisonniers, ont préféré sacrifier la vie d' êtres nécessiteux d'éléments réels pour assouvir leurs besoins d'éléments virtuels.
Mon dérivatif personnel s'appelle Inkball. Le principe est simple, un jeu abrutissant qui n'apprend rien et dont le but n'est que de battre son propre record, en matière d'adresse virtuelle, d'appropriation de ma prison.

J'ai un autre dérivatif, plus secret. Ce n'est pas l'administration qui me l'a fourni, mais c'est elle qui l'entretient. Mon dérivatif est une image, féminine, très jolie. Ce n'en est pas moins une image. Il y a d'abord l'image physique, déformée par le format qu'impose un fond d'écran. Puis il y a l'image sensorielle mais virtuelle, à travers le parloir MSN. Tous les messages échangés sont modifiés, et ne donnent à voir que la partie virtuelle de la pensée. Je peux partir dans des tripps virtuels, rien ne se retrouvera dans la réalité, car ma prison crée un monde à part entière, qui n'est pas comparable avec le monde réel, qui n'a aucun lien avec le monde réel. En plus, l'image physique ne correspond même pas à la même personne réelle que l'image sensorielle. Mais ça, l'administration de ma prison n'y attache aucune importance.

A quand le premier accouplement virtuel ? Il risque de changer la face du monde, et sera beaucoup moins innocent que l'annonce d'un récent mariage réel en direct via facebook. Ami prisonnier, co-détenu toi aussi de l'administration numérique, si toi aussi tu te sens impuissant face au pouvoir de cette prison, si toi aussi tu regardes passer le monde réel sans en faire partie, bienvenue dans mon monde. Toi aussi, tu es atteint du syndrome de l'ordinatueur. Bienvenue dans le Web 2.0.

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